Lagardère a une offre ferme pour ses magazines internationaux

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PARIS (Reuters) - Lagardère a annoncé lundi avoir reçu une offre ferme de 651 millions d'euros de l'américain Hearst pour le rachat de ses magazines à l'international, amorçant ainsi un changement de cap stratégique pour se recentrer sur la France et ses actifs plus rentables.




Le conglomérat accélère depuis quelques mois la rationalisation de son portefeuille, cédant ses actifs non rentables ainsi que les participations dans les sociétés où il n'est pas majoritaire.

Le 31 décembre, il a annoncé avoir engagé des négociations exclusives avec Hearst, éditeur de Cosmopolitan et Esquire, sur la vente de ses magazines étrangers, discussions dont la date butoir était fixée au 30 janvier.

Dans un communiqué publié avant l'ouverture de la Bourse, Lagardère indique avoir reçu une offre ferme en numéraire du groupe de presse américain portant sur 102 titres édités dans 15 pays.

La proposition prévoit la signature d'un accord de licence pour le célèbre féminin Elle, au terme duquel le groupe de médias français percevra une redevance annuelle qui sera fonction du chiffre d'affaires réalisé par l'hebdomadaire dans les 15 pays où Hearst en aura la gestion.

Cette redevance devrait contribuer à hauteur de 8 millions d'euros par an au résultat opérationnel de Lagardère sur la base des chiffres de 2010, ce qui représente une valeur actuelle nette de 70 millions d'euros, précise le communiqué.

"Lagardère (...) continuera à garantir la cohérence de la marque via la gestion du réseau Elle", indique le document.

A la Bourse de Paris, l'action Lagardère abandonne 1,49% à 33,00 euros vers 9h07 tandis que l'indice sectoriel des médias cède 0,34%.

A ce cours, elle gagne près de 7% depuis le début de l'année.

Lagardère, premier éditeur mondial de presse magazine grand public, abandonne ainsi une activité qui représente une part conséquente du chiffre d'affaires de ses activités médias - environ 40% en 2009 pour un revenu 712 millions - mais dont la rentabilité est jugée trop faible.

Frappée de plein fouet par la crise financière qui a accentué le recul de la diffusion et la baisse des recettes publicitaires, elle a accusé une perte opérationnelle de 2,5 millions d'euros en 2009.

"TAILLE CRITIQUE"

Le conglomérat opère également un changement de cap majeur après avoir misé sur l'international en faisant notamment l'acquisition en 1988 du groupe de presse américain Diamandis pour plus de 700 millions de dollars.

Arnaud Lagardère a justifié l'opération par le manque de taille critique des activités magazines à l'international, notamment aux Etats-Unis où le groupe est en concurrence avec Conde Nast (Vogue, Glamour), Hearst et Meredith (Parents).

Le groupe, qui édite le Journal du Dimanche et Paris-Match, estime en revanche disposer d'une taille critique en France, un marché où il est numéro un et sur lequel il souhaite se recentrer.

La transaction, qui doit être bouclée au 3e trimestre de cette année, devrait être suivie par d'autres cessions, dont les 20% que Lagardère détient dans Canal+ France pour lesquels une introduction en Bourse est programmée au printemps prochain.

Lagardère, qui a cédé l'an dernier sa participation dans le Monde "papier", souhaite également se désengager à terme du groupe de presse Marie-Claire et d'Amaury, propriétaire des quotidiens L'Equipe et Le Parisien.

Le groupe, dont la dette s'élève à 2,2 milliards d'euros, espère ainsi retrouver des marges de manoeuvre pour éventuellement réaliser des acquisitions, notamment dans le sport dont il veut faire l'un de ses principaux moteurs de croissance avec le numérique.

Arnaud Lagardère a par ailleurs redit la semaine dernière qu'une partie du produit des opérations serait redistribué aux actionnaires, de préférence sous la forme d'un dividende.

Gwénaelle Barzic, édité par Matthieu Protard


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