Les Français n'aiment plus la Bourse

TF1

Depuis la crise de 2008, les ménages français se sont détournés des placements risqués (le Plan d'épargne en actions est ainsi en recul), et privilégient les placements sûrs comme la pierre ou l'assurance-vie, selon une enquête de l'Insee.

La crise économique et financière a incité les ménages français à réorienter leur patrimoine vers les produits les plus sûrs, à l'exception de l'épargne-logement, pénalisée par une fiscalité moins favorable, montre une étude de l'Insee publiée mardi. Cette enquête, qui a porté sur plus de 15.000 ménages entre octobre 2009 et mars dernier, montre notamment une désaffection pour les valeurs mobilières (actions, sicav et FCP): la part des foyers détenant de telles valeurs est revenue à 19,3%, contre 24,2% en 2004. Le Plan d'épargne en actions (PEA) subit ainsi son premier recul depuis sa création en 1992.

A l'opposé, les placements liquides et peu risqués, comme le Livret A ou le Livret bleu, ont encore progressé, malgré des rémunérations relativement faibles. Au total, 84,7% des ménages détiennent des livrets défiscalisés, soit un gain de pénétration de 2,1 points en six ans. Une hausse que la généralisation à l'ensemble des banques de la distribution du Livret A a sans doute favorisée, tout comme le vieillissement de la population, ces placements figurant parmi les favoris des retraités. Les livrets "restent la première forme d'épargne des ménages, vers laquelle ils se replient en cas de moindre attractivité des autres formes de placement, ou d'incertitude forte sur l'avenir (perte d'emploi, baisse de pouvoir d'achat,...)", note l'Institut.

Les valeurs refuges : immobilier, assurance-vie
De même, de plus en plus de ménages détiennent de l'assurance-vie, ou de l'assurance décès volontaire: 41,8% en possède au moins une en 2010, contre 35,3% en 2004 et 34,6% en 1998, ajoute l'Institut. En effet, "l'assurance-vie offre aux épargnants un cadre fiscalement attractif, un rendement intéressant et la possibilité de sécuriser, au moins en partie, leur épargne", relève l'Insee. En 2010, 59,8% des détenteurs d'assurance-vie n'ont ainsi que des contrats d'assurance-vie en euros, moins risqués que les contrats multisupports investis pour partie en actions. 

La crise a aussi conforté la valeur de la pierre. La part de ménages propriétaires de leur résidence principale est ainsi passée de 55,7% en 2004 à 58% début 2010. En raison de changements législatifs, les produits d'épargne-logement sont ceux qui ont connu le plus net repli au cours des six dernières années, ajoute l'Insee. Bénéficiant d'une fiscalité moins attractive, le plan d'épargne logement (PEL) a ainsi séduit seulement trois ménages sur dix en 2010 alors qu'en 2004, plus de quatre ménages sur dix en détenaient. 

Les politiques publiques destinées à favoriser la construction de logements ont aussi pu inciter certains ménages à investir dans l'immobilier, relève l'Insee. "Si un bien immobilier peut perdre de sa valeur, il ne peut pas disparaître, contrairement à une action", souligne Nicolas Bouzou. Selon lui, la crise actuelle de la zone euro n'est pas de nature à changer la donne: "Pendant la crise financière (de 2008), les Français voulaient protéger leur patrimoine car ils avaient peur du chômage, désormais ils vont craindre des rééchelonnements des dettes", avance-t-il. "La crise de la zone euro ne fait que renforcer l'inquiétude des gens", témoigne aussi un responsable d'une grande banque coopérative française. "Paradoxalement, les capitalisations boursières sont attractives, alors que les rendements immobiliers vont finir par se tasser", observe-t-il. "Mais la quête de la sécurité devrait primer pendant encore dix-huit mois", prévoit-il.